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Books & More

2021 SUMMER

LIVRES ET COMPAGNIE

Une étude traitant enfin d’une importante époque de l’histoire de l’art coréen

Korean Art – From the 19th Century to the Present(L’art coréen - Du XIXe siècle à nos jours)

Charlotte Horlyck, 2017, Reaktion Books, Londres, 264 pages, 60 $

Comme le précise l’auteur de cet ouvrage, celui-ci ne prétend pas constituer un « texte encyclopédique défini¬tif » retraçant l’évolution de l’art coréen au cours de ces cent dernières années. L’auteur se centre, au contraire, sur les événements de cette période tumultueuse de l’histoire du pays tout en mettant en lumière les liens qui ont toujours uni l’art à la recherche d’une identité coréenne.

Son premier chapitre porte sur ces dernières années du royaume de Joseon où le pays entamait sa moder¬nisation et où l’art embrassait toujours plus une voca¬tion politique. Dans un deuxième chapitre, qui évoque l’époque coloniale, l’auteure montre comment l’art, après avoir été l’apanage des élites, allait peu à peu se démocratiser. Le chapitre suivant est consacré au genre du réalisme socialiste, qui a fait son apparition dans l’art nord-coréen après la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion de l’idéologie prônée par Kim Il-sung. C’est cette même période qu’aborde le quatrième chapitre, en parallèle avec le précédent, mais pour s’intéresser, cette fois, à la manière dont a évolué l’art en Corée du Sud, où l’art abstrait allait rapidement occuper une place de premier plan. Quant au cinquième chapitre, il présente une forme d’art populaire spécifiquement coréenne, dite minjung, c’est-à-dire « l’art du peuple », qui a marqué de son influence les années 1970. Enfin, le sixième et dernier chapitre analyse la vision nouvelle de l’art qui est celle des artistes coréens de ces dernières décennies.

Ces différentes parties composent un précieux état des lieux de l’art coréen à une époque de l’histoire qui ne peut qu’éveiller l’intérêt, outre que cet ouvrage figure parmi les rares écrits qui ont paru en langue anglaise dans ce domaine.

L’insondable abîme des relations humaines

Bluebeard’s First Wife(La première femme de Barbe bleue)

Ha Seong-nan, traduit par Janet Hong, 2020, Open Letter Books, New York, 229 pages, 15,95 $

Ce recueil de nouvelles de Ha Seong-nan plonge le lecteur au plus profond des relations humaines pour lui en révéler la part d’ombre. Dans une écri¬ture souvent onirique et pleine de lyrisme, elle brosse le tableau de situa¬tions de perte, d’isolement ou de désespoir en s’affranchissant des rigidités d’une structure narrative au profit d’un entrecroisement de bavardages des¬tiné à suggérer plutôt qu’à affirmer. L’effet produit par le récit se situe donc à un niveau foncièrement émotionnel qui permet de partager les peines et souffrances des personnages.

Ceux-ci témoignent le plus souvent d’un rapport complexe au monde qui les entoure, lequel se présente ici non plus comme une force cruelle et impersonnelle écrasant impitoyablement les individus de sa puissance, mais comme un ensemble d’êtres parmi lesquels certains ont la vie en hor¬reur. Il s’agit de cet « Autre » qui peut prendre la forme d’enfants courant dans l’appartement du dessus ou de braconniers venus de la ville et terro¬risant un petit village de montagne, ou encore du groupe d’amis louches d’un fiancé. Dans d’autres cas, les personnes en question se situent dans l’entourage direct, tels les maris, femmes ou enfants. Cependant, que l’Autre soit proche ou éloigné, les différents récits ont pour thème com¬mun l’incapacité de le connaître réellement. Ceux que vous pensions com¬prendre le mieux recèlent parfois de sombres secrets, à moins que ce ne soit nous qui ne souhaitions pas les découvrir afin de vivre dans une rassu¬rante illusion.

Par leur comportement, les personnages eux-mêmes semblent corro¬borer cette dernière interprétation, à l’instar de ce policier de Séoul qui se voit affecter dans un village isolé de montagne dont il trouve les habitants étranges et impénétrables, ce qui ne l’incite guère au moindre effort d’in¬tégration. Il y a aussi ce couple qui, recherchant un cadre de vie idyllique, s’installe à la périphérie de Séoul dans une maison avec pelouse où gam¬bade un chien dont ils se soucient plus que de leur fils cloué dans son fau¬teuil roulant par un handicap. Dans ces personnages, se reflète la tendance humaine à fuir tout ce qui ne répond pas à ses rêves ou à ses attentes. Si de tels personnages ne peuvent guère être qualifiés de sympathiques, pour autant, ils n’en demeurent pas moins humains au bout du compte.

Ce recueil a aussi pour fil conducteur l’idée de « périphérie » concré¬tisée par le lieu de l’action situé soit sur le pourtour de la capitale, soit au-delà, en pleine campagne, ceux des récits qui commencent dans une ville finissant souvent ailleurs. Différentes raisons peuvent expliquer cette migration périphérique, à commencer bien sûr par le désir de fuir le rythme trépidant de la ville, mais aussi, tout simplement, la nécessité. Dans tous les cas, néanmoins, ceux qui font ce choix entrent dans un espace liminal incertain qui échappe aux règles de la vie en société, tels ces néo-ruraux devenus braconniers. Outre cet exemple très révélateur du phénomène, nombre d’autres émaillent la plupart des récits.

Ceux-ci laissent le lecteur perplexe, mais ils lui fournissent aussi nombre de sujets de réflexion et l’inciteront à autant de voyages et décou¬vertes en s’abstenant d’en révéler le but, voire de prétendre qu’il n’en existe qu’un.

Charles La Shure Professeur au Département de langue et littérature coréennes de l’Université nationale de Séoul

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