메인메뉴 바로가기본문으로 바로가기

Features

2022 SPRING

Un métissage musical

Artiste accompli dans tout ce qui a trait à la scène, le compositeur, interprète et metteur en scène Jang Young Gyu a livré une grande variété d’œuvres auxquelles la critique a fait très bon accueil, mais, depuis le début des années 1990, il se consacre aussi à la création et à la direction de formations musicales, tout en s’intéressant aux potentialités de la musique traditionnelle coréenne et en réalisant un travail d’expérimentation.



LEENALCHI lors d’un concert donné en décembre 2021 au Strange Fruit, une salle de spectacle située près de l’Université Hongik. En 2019, année de sa création, il comptait sept musiciens. Le public s’est enthousiasmé pour son titre Tiger is Coming, qui est une adaptation à la musique pop de l’opéra narratif dit pansori. Devant (de droite à gauche) : le bassiste Jang Young Gyu et les chanteurs Kwon Song Hee, Lee Na Rae, Ahn Yi Ho et Shin Yu Jin ; derrière : le bassiste Park Jun Cheol et le batteur Lee ChulHee.
© LIVE CLUB DAY, Azalia



Lorsque Jang Young Gyu était écolier au cours primaire, l’idée lui est venue de créer un groupe de musique avec ses camarades : ils jouaient des airs mélodieux accompagnés au tambourin et, pour autant qu’il se souvienne, c’était vraiment « minable ». Qui songerait maintenant à employer un tel adjectif pour parler de sa musique ?

Aujourd’hui âgé de 54 ans, Jang Young Gyu a acquis une renommée internationale depuis qu’il fait partie de SsingSsing, un ensemble de musique de fusion alliant le rock aux minyo, ces chansons populaires coréennes traditionnelles. Au septième art, il s’est vu récompenser par différents prix lors de festivals coréens ou étrangers, pour des compositions destinées à plus de quatre-vingts films, dont le désormais célèbre Train to Busan (2016) ou des œuvres aussi remarquées que The Wailing (2016), Tazza: The High Rollers (2006) ou A Bittersweet Life (2005). Non content de cela, par l’éclectisme de son talent, il a étendu le champ de sa création à la danse et au théâtre.

Ses activités se centrent actuellement sur la fonction de directeur musical du groupe de pop alternative LEENALCHI, dont il est également le bassiste et qu’a rendu célèbre le titre Tiger is Coming en 2019, ce qui a aussi rejailli sur sa notoriété. Si Jang Young Gyu affirme ne pas posséder le don de l’élocution, il a su résumer parfaitement l’essentiel de sa carrière et de sa musique lors de l’entretien suivant qui se déroulait à Paju, une ville de la province de Gyeonggi, dans ce studio d’enregistrement où il a entrepris son épopée musicale.



De quand date votre découverte de la musique traditionnelle ?
C’est le compositeur et instrumentiste Won Il qui m’y a initié. J’ai fait sa rencontre au début des années 1990 et, quatre ans plus tard, nous avons commencé à travailler ensemble sur le projet Uhuhboo, qui a permis l’enregistrement d’un premier album. Comme j’étais à la recherche de sons nouveaux, il m’a présenté à des amis et confrères avec lesquels je me suis lancé dans d’autres projets
Avec le temps, je me suis intéressé toujours plus à la musique traditionnelle, ce qui m’a amené à composer pour la compagnie de danse moderne d’Ahn Eun-me, qui a laissé toute latitude à ma création. C’était pour moi une approche complètement nouvelle. Ma participation à des projets tels que New Chunhyang ou Symphoca Princess Bari - This World m’a donné l’occasion d’aborder les trois genres de musique vocale traditionnelle que sont l’opéra narratif dit pansori, le minyo et la musique vocale classique du jeongga, dont j’ai pu ainsi apprécier pleinement la beauté et les qualités. Puis, souhaitant aller plus loin, en 2007, j’ai mis sur pied la formation Be-Being composée de sept artistes avec lesquels j’allais entreprendre plusieurs projets de musique bouddhique, de danse des masques et de cour dans lesquels je voyais autant d’étapes de mon d’apprentissage.

Qu’est-ce qui attire le directeur musical que vous êtes vers la musique traditionnelle ?
« En matière de création, je privilégie le critère de la pérennité des œuvres, tout en sachant que les conditions dans lesquelles on les écoute jouent un rôle primordial ». La chance m’a été donnée d’être au contact de musiciens et de les écouter jouer, ce qui m’a permis de baigner vraiment dans la musique traditionnelle, chose que l’on ne peut faire à cause des micros quand on écoute un CD ou quand on va au concert. Il faut vivre l’expérience de se trouver au plus près, ce que je souhaite au plus grand nombre de gens possible

Que pensez-vous du retour actuel de la musique traditionnelle ?
Au sein du jury dont je faisais partie, l’année dernière, à l’occasion d’auditions, j’ai eu à me prononcer sur les prestations de plus de soixante formations musicales et, pendant que je les écoutais, je ne cessais de me demander quels étaient leurs objectifs. Pour la plupart, ils maîtrisent les techniques de la musique traditionnelle, car ils ont suivi une longue formation, mais cela ne suffit pas. En toute franchise, c’est ce que je pense
Depuis quelques années, toujours plus de groupes font une musique résultant de la fusion des genres traditionnels avec d’autres. L’année dernière, on a même vu au petit écran une nouvelle émission de concours de musique traditionnelle, ce qui n’a fait que susciter des vocations pour le crossover. Est-ce vraiment une bonne chose ? Je l’ignore. Je crains que les non-initiés qui regardent ces divertissements n’assimilent la musique traditionnelle authentique à ce genre du crossover et qu’ils finissent par n’aimer que celui-ci. Il faudrait pouvoir leur faire découvrir les beautés de la véritable musique traditionnelle et le plaisir de l’écouter.

SsingSsing, un groupe qui allie le rock aux chansons populaires traditionnelles dites minyo, avait conquis le public par sa musique étonnante et la drôlerie de ses jeux de scène. Dissous trois ans après sa création en 2015, il se composait de trois chanteuses, d’un batteur et de deux guitaristes, dont Jang Young Gyu.
Avec l’aimable autorisation du Théâtre national de Corée

Que pensez-vous de cette fusion des genres traditionnels avec d’autres ?
Dans ma jeunesse, sur les disques que nous avions à la maison, j’entendais souvent le quatuor de percussions Kim Duk-soo & Samulnori jouer avec l’orchestre de jazz multinational Red Sun et je trouvais cela formidable sur le plan musical. Par la suite, j’ai aussi aimé ce que faisaient l’ensemble de percussions Puri et Yang Bang Ean [Kunihiko Ryo]. Celui-ci ne se doutait pas que ses morceaux seraient repris sur scène par presque tous les groupes de musique traditionnelle. Comme son style inspirait nombre d’entre eux, il a finalement eu une grande influence sur cette musique.
Pour ce qui est du groupe Jambinaï, si sa musique ne relève pas des genres traditionnels, il s’est trouvé un style original, ce qui lui a permis de s’imposer sur la scène actuelle. Je citerai également 2nd Moon, un groupe de sept musiciens qui a su se mettre au diapason des goûts du public. Somme toute, on ne peut que se réjouir de la multiplication des groupes.

Comment évaluer la valeur d’une production musicale ?
Avant tout, elle doit posséder une originalité. C’est pourquoi je m’attache constamment à faire ressortir ce qui fait celle de ma musique.

Voulez-vous dire que vous cherchez à sortir des sentiers battus ?
Dans les projets auxquels j’ai participé, j’avais l’impression de me complaire dans un même style, mais, un beau jour, je me suis dit qu’il n’y avait rien de mal à s’en tenir à son style et je me suis affranchi de l’obligation de nouveauté. Cela ne m’empêche pas pour autant de travailler à me renouveler, mais à l’intérieur du style qui est le mien et selon la nature de chaque création.

En quoi LEENALCHI est-il différent ?
Alors que, dans d’autres projets, je jouais un rôle précis pour atteindre un but lui aussi bien défini, toutes les possibilités me sont offertes par LEENALCHI. La composition d’une chanson suit en principe les mêmes étapes. Après que j’en ai choisi les différents rythmes, les quatre chanteurs recherchent ensemble la mélodie correspondante en s’inspirant d’œuvres de pansori. Pour ce faire, il peut nous arriver d’écouter et d’analyser intégralement les cinq grandes œuvres du répertoire de pansori en vue d’adapter leurs mélodies et couplets aux rythmes et objectifs recherchés dans la chanson. Ce faisant, des idées imprévues peuvent surgir dans notre esprit et il importe alors de les retenir pour les intégrer à la chanson. Il ne s’agit pas de remanier une œuvre de pansori déjà existante, mais d’en créer une nouvelle à notre manière.

Avez-vous changé depuis le succès de LEENALCHI
Certes, j’espérais vaguement me faire une place sur le marché de la musique populaire, mais je n’ai pas réfléchi à ce qu’il fallait faire pour cela. Depuis la sortie de notre premier album, Sugungga [« Chant du palais sous-marin »], il y a deux ans, tout un tas de travail s’est accumulé et, bien qu’il soit d’un genre que je n’aime pas et que je n’ai jamais fait, je me suis dit que je ne pourrais pas aspirer à cette fameuse réussite commerciale si je me refusais à cet effort. Je crois que le fait d’accepter ce qui me paraissait inacceptable est ce qui a le plus changé en moi. Autant que possible, je m’efforce de m’adapter à ces exigences. Par ailleurs, LEENALCHI n’en est pas encore au stade de la réussite. Je me demande parfois si le public voit en ce que nous faisons une musique à consommer, comme celle de n’importe quel groupe, et la réponse est non. La route sera encore longue.

Quelles possibilités s’offrent à vous ?
Il n’y a pas réellement de marché pour les groupes en Corée et la production de bonne musique ne garantit donc pas le succès. Cela ne sert à rien non plus d’attendre qu’il se présente comme par enchantement. C’est aux groupes qu’il incombe d’accroître leur audience.

SsingSsing, un groupe qui allie le rock aux chansons populaires traditionnelles dites minyo, avait conquis le public par sa musique étonnante et la drôlerie de ses jeux de scène. Dissous trois ans après sa création en 2015, il se composait de trois chanteuses, d’un batteur et de deux guitaristes, dont Jang Young Gyu.
Avec l’aimable autorisation du Théâtre national de Corée

Prévoyez-vous des concerts à l’étranger ?
Pour continuer d’exister, il nous faut être proches du public coréen, mais aussi faire notre chemin à l’international, car c’est là qu’existe un marché pour les groupes ! Cette année, nous donnerons donc plusieurs concerts à l’étranger

Où votre deuxième album en est-il ?
Je suis pris à un point que je n’imaginais pas. En conséquence, j’ai très peu de temps à consacrer à cet album. De plus, alors que je croyais pouvoir trouver d’autres idées dans les cinq œuvres de référence en pansori, je n’en suis plus très sûr. Leur adaptation ne suffira pas à séduire le public d’aujourd’hui, alors il nous faut concevoir de nouveaux procédés musicaux de production du son, mais aussi renouveler les récits qui l’accompagnent. Pour faire preuve de créativité dans le pansori de notre deuxième album, nous devrons donc nous atteler à ces tâches, ce qui prendra du temps, mais, dans la mesure du possible, je vise la fin de l’année pour sa sortie.



SeoJeong Min-gapCommentateur de musique pop
Ha Ji-kwon Photographe

전체메뉴

전체메뉴 닫기