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On the Road

2023 WINTER

Voyage dans la splendeur de l’hiver

La Corée de l’après-guerre a adopté un mode de vie caractérisé par son rythme rapide dont est révélatrice l’exclamation « ppali, ppali » qui revient si souvent dans la vie de tous les jours. Toutefois, à la faveur d’un séjour hivernal dans le canton de Muju, qui s’étend au centre-sud péninsulaire, le visiteur découvrira un aspect méconnu du pays en goûtant à l’atmosphère paisible des lieux.

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De l’avis de tous, le mont Deogyu est l’un des plus pittoresques que compte la Corée du Sud, notamment en hiver, quand il se couvre d’une couche étincelante de givre au gré des gels et dégels successifs.
© Lee Jae-hyung



C’est dans le canton de Muju, cette partie de la province du Jeolla du Nord, que l’hiver coréen éclate dans toute sa splendeur, rehaussant les beautés de la nature et révélant le bien précieux qu’elle constitue. Au sein de ce paysage, se détache plus particulièrement le parc national du mont Deogyu, ces montagnes de « l’abondance de vertu » dont les reliefs s’étirent sur plus de 30 kilomètres et traversent le canton de Muju avant de s’unir à la chaîne de Baekdudaegan, principale arête montagneuse qui s’étire du nord au sud.

Point culminant du mont Deogyu avec ses 1 614 mètres d’altitude, le Hyangjeokbong se prolonge par des crêtes s’élevant à 1 300 mètres et s’agrémente d’une vingtaine de majestueuses cascades de taille plus ou moins grande, de dizaines de bassins naturels et de treize points de vue réputés pour leur panorama exceptionnel.

En contrebas, s’étend la vallée du Gucheondong, le cours d’eau sinueux qui y coule, et son paysage à couper le souffle dont les beautés visibles en toute saison ont donné lieu à l’expression « 33 vues de Gucheondong » se référant à ses sites les plus impressionnants.


Des horizons à la transparence cristalline

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Dans la station de ski très prisée du mont Deogyu, un téléphérique permet de monter en vingt minutes jusqu’au Hyangjeokbong qui en est le point culminant, moyennant d’y avoir réservé sa place du fait de l’affluence des skieurs, randonneurs et touristes.
© OFFICE NATIONAL DU TOURISME DE CORÉE

 

En cheminant sur les versants du mont Deogyu, le promeneur pourra apprécier au mieux un splendide paysage hivernal où le soleil fait étinceler la neige accrochée aux branches d’arbre avant que le froid de la nuit ne la change en glace. Cette alternance du gel et du dégel cisèle les cristaux de givre dans lesquels se drapent arbres et rochers, tel un voile de cristal qui s’étend jusqu’à l’horizon. Particulièrement épaisse et d’une grande pureté, cette couche blanche semble une œuvre d’art créée par la nature le long des crêtes embrumées et battues par les vents. Les branches d’arbres qu’elle recouvre font, en s’écartant, un merveilleux tintement rappelant celui du cristal.

Quatrième sommet sud-coréen par son altitude, le mont Deogyu n’en demeure pas moins accessible aux amateurs de randonnée en montagne, les moins expérimentés d’entre eux pouvant emprunter dans un premier temps un téléphérique qui les transportera en vingt minutes jusqu’au sommet du Seolcheonbong, ce pic dont la cime se dresse à 1 520 mètres. En y parvenant, on disposera d’une vue sur le centre de la localité de Muju-eup située dans le nord du canton et ceux qui souhaitent pousser plus loin trouveront à louer tous les accessoires nécessaires dans un point de location qui propose crampons, guêtres et bâtons. Ainsi équipés, les randonneurs effectueront une montée de six cents mètres jusqu’au sommet du Hyangjeokbong tout en profitant au passage du spectacle du paysage glacé, ce que leur permettront de faire aisément des marches aménagées à cet effet.

Le mont Deogyu présente en outre la particularité de posséder l’unique station de ski sud-coréenne située dans un parc national, celle-ci étant pourvue de la plus longue piste de ski du pays, ainsi que de la pente la plus abrupte. Passionnés de ski et de randonnée ne tarderont pas à découvrir les attraits qui font du mont Deogyu un lieu renommé pour les sports d’hiver, mais aussi pour la beauté de ses paysages.

Au mont Deogyu, comme dans tout le canton de Muju, le milieu naturel, remarquablement bien préservé, est d’une beauté à couper le souffle. Quand vient l’automne, la fête des lucioles de Muju célèbre le précieux écosystème qui borde les rives du Namdaecheon, ce cours d’eau serpentant au nord du mont Deogyu, que ces insectes illuminent la nuit de leur danse nuptiale. En raison de son exceptionnelle qualité, ce site allait être classé monument naturel numéro 322 par l’État en 1982.

 

La défense de la nature

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Au Festival des lucioles de Muju, chacun pourra observer ces insectes dans leur habitat naturel et connaître l’éco-aventure. La protection dont a bénéficié son cadre naturel est une incitation à adopter un mode de vie respectueux de la nature.
© OFFICE NATIONAL DU TOURISME DE CORÉE

En Corée, c’est dans les années 1960 que s’est produite la prise de conscience des dangers qui pèsent sur l’environnement et de sa nécessaire protection, le Mouvement pour la reconstruction nationale émettant en 1963 une recommandation en vue de la création d’un parc national au mont Jiri situé au sud du mont Deogyu. À peine un an plus tard, les habitants du canton de Gurye, qui se trouve au pied de celui-ci, allaient se mobiliser en entreprenant des actions et en réunissant des fonds en faveur de la mise en œuvre de cette initiative. Leurs efforts ont porté leurs fruits dès 1967, année de l’aménagement du premier parc national de Corée, suivi de celui du mont Deogyu en 1975.

À une altitude d’environ 1 300 mètres, ses pentes abritent une essence bien connue des Coréens, à savoir ce sapin coréen que choisissent la plupart d’entre eux à l’occasion de Noël en raison de sa petite taille convenant à leurs petits logements et d’un espacement suffisant entre ses branches qui permet d’y accrocher les décorations, le grand épicéa européen étant privilégié pour une installation en extérieur.

Aujourd’hui, l’existence du premier est malheureusement compromise, comme l’atteste son classement parmi les espèces en voie de disparition auquel a procédé en 2013 l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Conscient de ce danger, le groupe Yuhan-Kimberly, Ltd. né d’un partenariat entre les laboratoires coréens Yuhan Corporation et Kimberly Clark, l’un des principaux fabricants américains de produits papetiers, allait s’engager dans un projet de réhabilitation de l’espèce aux côtés de l’Arboretum national de Baekdudaegan. Sorte d’arche de Noé végétale, ce dernier abrite actuellement près de 6 800 jeunes plants en serre et les 120 000 graines qui auront été récoltées en 2022 viendront encore accroître cette population, mais il est également prévu de replanter de jeunes spécimens sur ce mont Deogyu qui leur offre un habitat naturel.

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Le Festival du film de Muju se déroule dans le stade de Muju Deungnamu, où les quelque cinq cents pieds de glycine qui étendent leurs tiges grimpantes jusqu’en haut des gradins protègent naturellement le public du soleil.
© Canton de Muju



Un site dédié à la sauvegarde

Sur le domaine du canton de Muju, se trouve la réserve historique royale du mont Jeoksang, qui se consacre à la conservation de documents historiques ayant trait au mont Deogyu. Sous le royaume de Joseon, qui prédomina du XIVe siècle au début du XXe, la conservation de tels documents était considérée primordiale pour prévenir tout abus de pouvoir par les monarques alors tout-puissants, ainsi que pour assurer la continuité de la transmission des connaissances et savoir-faire. Ceux qui présentaient le plus grand intérêt s’intitulent Annales du royaume de Joseon et consistent en une chronique très complète des 472 années de ce règne, mais ne se distinguent pas seulement par l’ancienneté de leur création au titre d’archives du royaume, ayant traversé les siècles dans un excellent état de conservation. En raison de leur importante valeur, ces Annales du royaume de Joseon allaient être classées au rang de trésor national coréen en 1973 et inscrites au registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO en 1997.

Leur remarquable préservation sur une période plusieurs fois séculaire marquée par d’innombrables conflits, incendies et catastrophes naturelles s’explique par la précaution que prit le gouvernement de Joseon de les faire reproduire en plusieurs exemplaires et entreposer en différents points du territoire, dont, pour l’un d’eux, dans la capitale, tandis que les autres se trouvaient en lieu sûr aux quatre coins du pays. Ces mesures de sauvegarde se doublaient d’une maintenance systématique intervenant à intervalle de trois ans et consistant à exposer les volumes au soleil pour les prémunir contre les moisissures et l’infestation par les mites, deux phénomènes souvent provoqués par l’humidité.

Les Annales du royaume de Joseon ont eu à affronter maints événements désastreux, comme en cette fin du XVIe siècle où, alors que la Corée, aidée de l’empire chinois des Ming, tentait de repousser l’envahisseur japonais, un incendie en ravagea tous les exemplaires à l’exception d’un seul. À partir de cet unique spécimen, qui se trouvait dans la réserve de Jeonju située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Muju, le gouvernement fut en mesure de reconstituer entièrement les cinq documents d’origine, qu’il allait ensuite disséminer en divers endroits du territoire pour plus de sécurité, notamment au mont Jeoksang, en raison de son emplacement situé près d’une falaise offrant un rempart naturel. La forteresse qui y fut édifiée voilà quelque mille cinq cents ans allait faire l’objet d’une restauration visant à en renforcer la capacité défensive sur ce plan incliné.

Au début du siècle dernier, après le déplacement des annales du mont Jeoksang en vue de leur conservation dans la capitale, celles-ci allaient malheureusement être égarées dans les circonstances troubles de la guerre de Corée. Une reproduction méthodique et une volonté de préservation sans faille ont néanmoins permis à l’ensemble colossal que constituent les 1 893 volumes et 888 livres restants de braver le passage des siècles.

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Le Taekwondowon, ce centre sportif exclusivement consacré à l’art martial traditionnel coréen du taekwondo, comporte tous les équipements nécessaires à la pratique d’activités de compétition, d’entraînement, de formation et de recherche, outre qu’il propose des formules de séjour et d’apprentissage à l’intention des non-initiés.
© Canton de Muju



En symbiose avec la nature

Destination touristique très appréciée, le canton de Muju fournit aussi l’illustration de la volonté qui anime les Coréens de vivre en harmonie avec la nature et leur réel engagement en ce sens. Le stade de Muju Deungnamu, qui se situe dans le sud de la localité de Muju-eup, a ainsi été conçu pour procurer un lieu ombragé en été et abrité de la neige en hiver grâce aux quelque cinq cents glycines qui s’enroulent autour de sa charpente en acier.

Si l’architecture moderne privilégie les considérations pratiques et fonctionnelles, elle pèche souvent, en revanche, par une certaine négligence vis-à-vis du rapport qu’entretient l’homme avec le milieu naturel et ses réalisations semblent parfois écrasantes par rapport à celui-ci, comme si elle entendait imposer sa domination, l’aménagement paysager pouvant passer pour une tentative de recréer la nature par des moyens artificiels. Chung Guyon (1945-2011), qui est l’architecte du stade de Muju Deungnamu, s’y est inscrit en rupture avec cette tendance en prenant le parti de mettre la nature en valeur plutôt que de la façonner pour l’employer comme simple élément d’un ensemble.

Cette dernière nous offre ici le spectacle changeant de ses fleurs qui font jaillir les couleurs au printemps, de ses arbres qui s’habillent de verdure l’été et la perdent en automne, puis au vent d’hiver qui les dénude. Si la glycine a eu la faveur de Chung Guyon, c’est pour ses branches qui conservent leur beauté en toute saison et pour créer une construction en symbiose avec la nature. Le visiteur qui en gravira les marches pour atteindre les tribunes et se promener au dernier rang bénéficiera d’une vue d’ensemble de cette élégante réalisation.

Un voyage à Muju permet de se rendre compte que la Corée, loin d’être vouée corps et âme à un développement effréné, s’emploie aussi à vivre en harmonie avec une nature que l’arrivée de l’hiver dévoile dans toute sa splendeur au cœur de ce canton également riche d’un important patrimoine culturel.
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Kwon Ki-bongÉcrivain

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